Siri et Google Gemini : les dessous d’un partenariat surprise

Qui n’a jamais levé les yeux au ciel après une réponse décevante de Siri ? Depuis des années, l’assistant vocal d’Apple, pionnier en son temps, semble avoir pris du retard sur ses concurrents. Mais un véritable coup de tonnerre se prépare à Cupertino.

Avec une alliance que peu auraient imaginée, Apple s’apprête à intégrer la puissante intelligence artificielle de Google, Gemini, pour offrir à Siri la plus grande mise à jour de son histoire.

Cette nouvelle peut surprendre : Apple, le champion de l’écosystème fermé et de l’indépendance technologique, se tourne vers son principal rival pour moderniser l’un de ses services phares. Est-ce alors un aveu de faiblesse ou un coup de génie stratégique ? Cet article va décortiquer les raisons de ce partenariat, comprendre son fonctionnement concret et ce qu’il signifie pour l’avenir de l’IA chez Apple.

Pourquoi Apple fait appel à Google pour son IA ?

Pour comprendre cette décision, il est nécessaire de regarder la situation en face. Apple, malgré ses immenses ressources, a pris un retard notable dans la course effrénée à l’intelligence artificielle générative. Tandis que Google et OpenAI faisaient la une avec leurs modèles de langage novateurs, Apple Intelligence, bien que prometteur, n’a pas encore atteint le même niveau de complexité.

Le retard d’Apple : un enjeu majeur dans la course à l’IA

C’est un secret de polichinelle : Siri peine souvent à comprendre des requêtes complexes, à maintenir le contexte d’une conversation ou à effectuer des tâches en plusieurs étapes. Cette limitation est directement liée à la puissance du modèle d’intelligence artificielle qui l’anime. Jusqu’à présent, le modèle d’Apple utilisé via le cloud pour Apple Intelligence repose sur environ 150 milliards de paramètres.

Un chiffre impressionnant, mais qui fait pâle figure face aux géants du secteur.

Conscients de ce décalage, les dirigeants d’Apple ont exploré plusieurs options, testant les technologies d’OpenAI (ChatGPT) et d’Anthropic (Claude). Mais c’est finalement vers son concurrent de toujours, Google, que la firme de Cupertino a décidé de se tourner pour combler rapidement son retard.

Gemini : une puissance de calcul inégalée pour Siri

La version de Gemini que Apple prévoit d’utiliser est un monstre de technologie. Selon les informations rapportées par Bloomberg, ce modèle personnalisé reposerait sur 1,2 trillion de paramètres, soit huit fois plus que le système actuel d’Apple. Pour vous donner une idée du fossé, c’est un peu comme passer d’un moteur de voiture de sport à un réacteur d’avion de chasse.

Cette puissance de calcul brute permet à Gemini de gérer des tâches de planification et de synthèse d’informations avec une finesse et une profondeur inégalées. Pour Apple, c’est l’opportunité d’offrir quasi instantanément à Siri des capacités de raisonnement et de compréhension dignes des meilleurs assistants du marché.

Une solution transitoire, mais une stratégie réfléchie

Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas pour Apple d’abandonner ses ambitions. Cet accord, qui pourrait coûter environ un milliard d’euros par an à la firme, est perçu en interne comme une solution transitoire. L’objectif est clair : utiliser Gemini comme une béquille technologique pour accélérer la refonte de Siri, prévue pour le printemps prochain, tout en continuant à développer ses propres modèles en coulisses.

Apple achète du temps, un temps précieux pour ne pas se laisser distancer définitivement.

Comment ce partenariat Apple-Google va-t-il transformer Siri ?

Si l’idée de voir une technologie Google l’élément central de l’écosystème Apple peut inquiéter certains utilisateurs, notamment sur la question de la confidentialité, la mise en œuvre a été pensée pour être aussi transparente et sécurisée que possible.

Une intégration discrète et sous contrôle

Contrairement à l’accord qui fait de Google le moteur de recherche par défaut via Safari, ce partenariat sera invisible pour l’utilisateur final. Google agira en coulisses, comme un fournisseur de technologie silencieux. Vous ne verrez aucun logo « Powered by Gemini » lorsque vous interagirez avec le nouveau Siri.

Concrètement, Gemini prendra en charge les fonctions les plus complexes : le « summarizer », qui aide Siri à synthétiser des informations, et le « planner », qui lui permet de décomposer une demande complexe en étapes réalisables. Pour le reste, comme l’activation d’outils ou la formulation de réponses simples, Siri continuera de s’appuyer sur les propres modèles d’Apple.

La protection des données : une priorité absolue pour Apple

C’est le point le plus essentiel pour Apple. Pour garantir la confidentialité des données, le modèle de Google ne tournera pas sur les serveurs de Google, mais sur l’infrastructure d’Apple baptisée « Private Cloud Compute« . Ce système de serveurs dédiés et sécurisés a été spécialement conçu pour isoler les données des utilisateurs et s’assurer qu’elles ne quittent jamais l’écosystème Apple.

Votre vie privée restera donc, en théorie, protégée des regards de Google.

Ce qui ne changera pas (pour l’instant) avec le nouveau Siri

Il est important de noter que cet accord ne concerne pas tout. Les capacités de recherche de Siri ne seront pas modifiées et ne s’appuieront pas sur une IA de recherche de Google. De même, il ne s’agit pas d’intégrer un chatbot Gemini directement dans Siri, même si des discussions à ce sujet ont eu lieu par le passé.

L’expérience de base de Siri sera améliorée, mais son fonctionnement fondamental restera le même.

Quel avenir pour Siri et l’IA chez Apple ?

L’objectif à long terme : l’indépendance technologique d’Apple

En interne, les équipes d’Apple, menées par des figures comme Craig Federighi, travaillent d’arrache-pied sur des projets aux noms de code évocateurs comme « Glenwood » et « Linwood« . L’objectif ultime est de développer un modèle d’IA maison capable de rivaliser, voire de surpasser, les performances de Gemini. Un modèle interne comptant jusqu’à 1 trillion de paramètres serait déjà en cours de développement et pourrait être prêt dès l’année prochaine.

Un défi international : le cas spécifique de la Chine

La stratégie d’Apple doit aussi s’adapter aux réalités géopolitiques. Les services de Google étant interdits en Chine, le Siri amélioré ne pourra pas y utiliser Gemini. Pour ce marché essentiel, Apple prévoit de s’appuyer sur ses propres modèles, potentiellement complétés par des partenariats avec des acteurs locaux comme Baidu ou Alibaba pour s’assurer que les réponses de l’assistant respectent les réglementations locales.

La concurrence demeure intense sur le marché de l’IA

Même si Apple parvient à rattraper son retard, la course est loin d’être terminée. Google continue d’améliorer Gemini à un rythme effréné, rendant l’écart toujours plus difficile à combler. Ce partenariat, bien que pragmatique, souligne à quel point le champ de bataille de l’innovation s’est déplacé vers l’intelligence artificielle, forçant même les plus grands géants à collaborer.

Cette alliance entre Apple et Google est bien plus qu’une simple mise à jour technique. C’est le reflet d’un changement de paradigme dans la tech, où la maîtrise de l’IA est devenue une question de survie. Pour Apple, c’est un pari audacieux mais pragmatique : un compromis à court terme pour s’assurer une place de choix dans le futur.

Pour nous, utilisateurs, c’est la promesse d’un Siri enfin à la hauteur de nos attentes.

Et vous, que pensez-vous de cette alliance inattendue ? Pensez-vous que c’est la bonne stratégie pour qu’Apple revienne dans la course ?

Simone

Simone, rédactrice principale du blog, est une passionnée de l’intelligence artificielle. Originaire de la Silicon Valley, elle est dévouée à partager sa passion pour l’IA à travers ses articles. Sa conviction en l’innovation et son optimisme sur l’impact positif de l’IA l’animent dans sa mission de sensibilisation.