Moyen-Orient : l’essor surprenant de l’IA et du cloud

Moyen-Orient : l’essor surprenant de l’IA et du cloud

Moyen-Orient : l’essor surprenant de l’IA et du cloud

Vous avez peut-être déjà vu une actualité sur l’Arabie Saoudite signant un partenariat avec Microsoft ou sur les giga projets de centres de données à Dubaï. Derrière ces annonces médiatisées, une transformation plus profonde du Moyen-Orient s’opère, dont peu mesurent l’impact futur. IA, cloud, startups locales : la région devient un acteur important dans la tech mondiale.

Pour le meilleur ou pour le pire ? Voici l’analyse.

Explosion des investissements high-tech dans le Golfe

Le Moyen-Orient, plus précisément l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis (EAU) et le Qatar, ont nettement accru leurs investissements technologiques ces dernières années.

Des accords majeurs entre États du Golfe et géants américains

On constate que Microsoft, Amazon Web Services (AWS), Google Cloud, Oracle multiplient les ouvertures de data centers dans la rĂ©gion. En 2023, Google a conclu un contrat important avec Aramco pour hĂ©berger son cloud en Arabie Saoudite. AWS a annoncĂ© un investissement de plus de 5 milliards d’euros pour des infrastructures cloud Ă  BahreĂŻn et DubaĂŻ.

Oracle projette de déployer un cloud public en Arabie Saoudite, en concurrence directe avec les autres GAFAM.

Ces accords vont au-delà du simple hébergement d’emails. Ils concernent des solutions de défense technologiques, des plateformes d’intelligence artificielle (IA) et, surtout, des transferts de compétences en augmentation.

Origines de cet engouement

Cette évolution provient de deux avantages majeurs exploités dans la région :

  • Des moyens financiers importants issus du pĂ©trole.
  • Une volontĂ© politique affirmĂ©e de prĂ©parer l’après-pĂ©trole.

Pour les géants américains, ce mouvement sécurise des marchés à fort potentiel, tout en limitant l’influence de la Chine.

Déploiement des infrastructures IA au Moyen-Orient

L’objectif est la création d’un écosystème IA complet. Mais concrètement, quelles actions sont en cours ?

Investissements considérables dans les data centers et la recherche

L’Arabie Saoudite engage plusieurs milliards d’euros dans de nouveaux data centers et campus spécialisés. Avec la King Abdullah University of Science and Technology (KAUST), le pays positionne un pôle régional de l’IA. Les EAU suivent cette dynamique, notamment avec le Hub71 d’Abu Dhabi, qui accueille des dizaines de startups IA.

De plus, un nombre croissant de fonds publics cible la production locale de puces électroniques avancées. L’objectif consiste à diminuer la dépendance étrangère pour le traitement des données sensibles et le calcul lié à l’IA.

Renforcement de la souveraineté numérique

Cette stratĂ©gie d’infrastructure traduit Ă©galement une logique de souverainetĂ©. Disposer de data centers nationaux garantit le stockage et l’analyse des donnĂ©es sans dĂ©pendre de serveurs amĂ©ricains ou chinois. Le but est d’accĂ©lĂ©rer la crĂ©ation de solutions IA rĂ©gionales, adaptĂ©es aux besoins spĂ©cifiques (langues, contexte culturel, secteur public…).

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Startups, éducation et politiques de soutien : la tech « made in Middle East » prend son essor

Le paradigme évolue : le Moyen-Orient ne désire plus seulement consommer la technologie, mais la produire.

Le dynamisme des startups et scale-up régionales

Quelques chiffres illustrent cette progression : en 2023, les levĂ©es de fonds des startups tech rĂ©gionales ont dĂ©passĂ© 3 milliards d’euros. Des entreprises comme Careem (VTC, acquis par Uber) ou Bayut (immobilier) incarnent le succès local.

Une vague de startups IA émerge, soutenue par des subventions et incubateurs publics.

Ce processus crée un cercle vertueux combinant :

  • Investissement public et privĂ©.
  • Incubateurs et programmes de soutien.
  • Croissance rapide de la main-d’œuvre locale hautement qualifiĂ©e.

Éducation et formation : un enjeu stratégique

La construction d’un écosystème tech repose sur des talents locaux. Universités et écoles développent désormais des cursus orientés IA et cloud, avec le soutien de Microsoft, Nvidia ou OpenAI. L’objectif est de former des milliers de spécialistes en machine learning, data engineering et cybersécurité sur les cinq prochaines années.

Cette montée en compétence devrait favoriser l’apparition d’acteurs 100% locaux sur le marché de l’IA.

Cloud, smart cities et diversification économique : la transformation du modèle régional

Face à la baisse prévue de la rente pétrolière, les gouvernements accélèrent la diversification économique par la technologie.

Les smart cities, vitrines technologiques du Golfe

Les projets comme Neom en Arabie Saoudite, The Line ou Masdar City aux Émirats multiplient les investissements. Un point commun : l’IA et le cloud pilotent les infrastructures (gestion énergétique, mobilité, sécurité).

Cela augmente les besoins en data centers et attire les géants mondiaux mentionnés.

Politiques d’accueil plus ouvertes : une opportunité pour la tech

Depuis 2022, Arabie Saoudite et les EAU mettent en place des réformes inédites :

  • Assouplissement des règles sur la propriĂ©tĂ© Ă©trangère.
  • Avantages fiscaux.
  • ProcĂ©dures administratives simplifiĂ©es.

Ces mesures visent à attirer capitaux et talents internationaux, pour bâtir un écosystème tech capable de rivaliser avec la Silicon Valley.

Le cadre réglementaire évolue rapidement, rendant la région de plus en plus attractive, notamment pour les jeunes pousses et les scale-ups étrangères.

Moyen-Orient : futur pôle mondial de l’IA et du cloud ?

Une dynamique émergente révèle la construction d’un pôle technologique majeur, susceptible d’impacter la géopolitique numérique. L’essor du Moyen-Orient en IA et cloud ne s’explique pas uniquement par des investissements financiers, mais aussi par une volonté d’autonomie et de leadership dans la tech internationale.

La possible émergence de futurs géants régionaux capables de rivaliser avec les GAFAM ou Baidu ne peut être écartée, au regard des moyens déployés.

Ce modèle pourrait servir d’exemple à d’autres régions à la recherche de diversification économique. Reste à observer si la souveraineté numérique régionale tiendra face aux tensions géopolitiques et à la pression exercée par les grandes entreprises américaines et chinoises.

Le Moyen-Orient apparaîtra-t-il comme simple consommateur de technologie ou comme un modèle à suivre ?

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