IA en entreprise : un danger pour vos données ?

IA en entreprise : un danger pour vos données ?

IA en entreprise : un danger pour vos données ?

Plus de 50 % des utilisateurs se tournent dĂ©sormais vers l’intelligence artificielle pour leurs recherches sur le web. C’est un rĂ©flexe qui s’installe, au bureau comme Ă  la maison. Mais si ces outils promettent des gains de productivitĂ© incroyables, que se passe-t-il lorsque les informations qu’ils fournissent sont fausses ?

Une nouvelle Ă©tude met en lumière un dĂ©calage inquiĂ©tant entre la confiance accordĂ©e Ă  l’IA et sa fiabilitĂ© rĂ©elle. Pour les entreprises, cette situation engendre de nouveaux risques, notamment en matière de conformitĂ© lĂ©gale, de finances et de stratĂ©gie.

Le problème est d’autant plus grand que l’usage de ces outils se fait souvent en dehors des radars de la direction informatique, un phĂ©nomène bien connu sous le nom de « shadow IT« . Les employĂ©s qui font confiance Ă  l’IA pour leurs questions personnelles l’utilisent très certainement pour leurs recherches professionnelles.

Alors, comment naviguer entre les promesses d’efficacitĂ© de l’IA et les dangers bien rĂ©els d’une information inexacte ? Explorons cela ensemble.

Le fossĂ© inquiĂ©tant : quand la confiance en l’IA dĂ©passe la rĂ©alitĂ©

L’adoption massive de l’IA gĂ©nĂ©rative repose sur une conviction : ces outils sont non seulement rapides, mais aussi fiables. Pourtant, une enquĂŞte approfondie menĂ©e par l’organisation Which? vient sĂ©rieusement Ă©branler cette certitude, rĂ©vĂ©lant un vĂ©ritable gouffre entre la perception des utilisateurs et la performance technique des modèles.

La popularité, un faux gage de fiabilité pour les IA

L’Ă©tude a testĂ© six des outils les plus connus du marchĂ© (ChatGPT, Google Gemini, Microsoft Copilot, Meta AI et Perplexity) sur une sĂ©rie de questions courantes touchant au droit, Ă  la finance et aux droits des consommateurs. Le rĂ©sultat est surprenant. Perplexity et les « AI Overviews » de Google Gemini arrivent en tĂŞte avec des scores de 71 % et 70 % de prĂ©cision.

En revanche, le très populaire ChatGPT, malgrĂ© sa position dominante sur le marchĂ©, n’obtient qu’un score de 64 %, se plaçant en avant-dernière position.

Cette dĂ©connexion est essentielle. Elle rappelle qu’en matière d’IA, la notoriĂ©tĂ© d’un outil ne garantit en rien la qualitĂ© de ses rĂ©ponses. Pour une entreprise, se fier Ă  l’outil le plus connu sans un audit critique revient Ă  naviguer Ă  vue dans un brouillard d’informations potentiellement erronĂ©es.

Erreures des IA : des conséquences réelles et coûteuses

Au-delĂ  des scores globaux, ce sont les types d’erreurs commises par ces IA qui doivent alerter les directions. Elles ne sont pas anodines et peuvent avoir des implications directes sur la santĂ© financière et lĂ©gale de l’entreprise.

Par exemple, lorsqu’on leur a demandĂ© comment investir une somme supĂ©rieure Ă  la limite lĂ©gale annuelle d’un compte Ă©pargne britannique (ISA), ChatGPT et Copilot n’ont pas su identifier l’erreur dans la question. Ils ont fourni des conseils qui auraient pu mener Ă  une violation des règles fiscales.

Sur le plan juridique, le risque est Ă©galement prĂ©sent. Les IA ont tendance Ă  gĂ©nĂ©raliser les rĂ©glementations sans tenir compte des spĂ©cificitĂ©s rĂ©gionales, comme les diffĂ©rences de droit entre l’Écosse et l’Angleterre. De plus, elles peuvent donner des conseils surconfiants et dangereux.

InterrogĂ© sur un litige avec un artisan, Gemini a conseillĂ© de suspendre les paiements, une tactique qui, selon les experts, pourrait affaiblir la position lĂ©gale de l’utilisateur en le plaçant en rupture de contrat. Imaginez un de vos collaborateurs suivre un tel conseil pour un litige fournisseur

Des sources opaques : la boîte noire des IA en entreprise

Citations floues et liens douteux : l’opacitĂ© des sources

L’enquĂŞte a rĂ©vĂ©lĂ© que les IA citent frĂ©quemment des sources vagues, voire inexistantes. Elles s’appuient frĂ©quemment sur de vieilles discussions de forums ou des articles de blog obsolètes pour formuler une rĂ©ponse qui semble pourtant d’actualitĂ©. Cette opacitĂ© rend la vĂ©rification manuelle extrĂŞmement difficile.

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Si un employĂ© base une dĂ©cision stratĂ©gique sur une information dont la source est invĂ©rifiable, l’entreprise toute entière prend un risque. La chaĂ®ne de confiance est rompue dès le premier maillon.

Le biais algorithmique : un coĂ»t cachĂ© pour l’entreprise

Le biais algorithmique constitue une autre facette de ce problème. Les IA ne sont pas neutres ; elles sont influencĂ©es par les donnĂ©es d’entraĂ®nement sur lesquelles elles ont Ă©tĂ© formĂ©es. Lors d’un test, plutĂ´t que de diriger l’utilisateur vers l’outil gratuit et officiel du gouvernement pour vĂ©rifier un code d’imposition, ChatGPT et Perplexity ont proposĂ© des liens vers des sociĂ©tĂ©s privĂ©es de remboursement d’impĂ´ts, connues pour leurs frais Ă©levĂ©s.

Appliquons cela au monde de l’entreprise. Un service achat qui utiliserait une IA pour sourcer de nouveaux fournisseurs pourrait ĂŞtre orientĂ© vers des prestataires plus coĂ»teux ou ne respectant pas les critères de conformitĂ© internes, simplement Ă  cause d’un biais dans l’algorithme. Le gain de temps initial se transformerait alors en une perte financière ou en un risque de non-conformitĂ©.

Protection et opportunitĂ© : encadrer l’IA au lieu de l’interdire

Face Ă  ces constats, interdire l’utilisation de l’IA pourrait ĂŞtre tentant. Cependant, ce serait une erreur. Une telle interdiction ne ferait que renforcer le phĂ©nomène de « shadow IT » et priverait l’entreprise d’un formidable levier de performance.

La solution vĂ©ritable rĂ©side dans la mise en place d’un cadre de gouvernance robuste.

Maîtriser les prompts : former vos équipes à la précision

La qualitĂ© de la rĂ©ponse d’une IA dĂ©pend directement de la qualitĂ© de la question posĂ©e. Des requĂŞtes vagues entraĂ®nent des rĂ©ponses risquĂ©es. Il est essentiel de former les collaborateurs Ă  l’art du « prompt engineering« .

Pour une recherche sur une réglementation, par exemple, il faut leur apprendre à spécifier la juridiction exacte (« règles applicables en Angleterre et au Pays de Galles ») plutôt que de poser une question générale.

VĂ©rification systĂ©matique : le principe de l’humain dans la boucle

Aucune information gĂ©nĂ©rĂ©e par une IA ne doit ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritĂ© absolue. La règle fondamentale est : « VĂ©rifier, toujours ». Cela signifie exiger de l’IA qu’elle cite ses sources et prendre le temps de les contrĂ´ler manuellement.

Pour les sujets Ă  fort enjeu, il est mĂŞme conseillĂ© de croiser les informations en utilisant plusieurs outils ou en effectuant une recherche traditionnelle en parallèle. C’est ce que l’on nomme maintenir un « humain dans la boucle » (human-in-the-loop), un principe de prĂ©caution essentiel.

L’IA : un assistant performant, pas un arbitre dĂ©cisif

Ă€ leur stade de maturitĂ© actuel, les IA gĂ©nĂ©ratives doivent ĂŞtre considĂ©rĂ©es comme des assistants de recherche performants, mais non comme des experts ou des dĂ©cideurs. Pour toute question complexe ayant des implications lĂ©gales, financières ou mĂ©dicales, leur rĂ©ponse doit ĂŞtre perçue comme un premier avis, une base de travail. La dĂ©cision finale doit impĂ©rativement rester entre les mains d’un professionnel humain qualifiĂ©.

L’intelligence artificielle est en constante Ă©volution et sa prĂ©cision s’amĂ©liore de jour en jour. Cependant, aujourd’hui, une confiance aveugle en ces outils peut s’avĂ©rer coĂ»teuse. Pour l’entreprise, la diffĂ©rence entre un gain de productivitĂ© et un Ă©chec en matière de conformitĂ© rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  encadrer les usages et Ă  cultiver un esprit critique.

L’enjeu rĂ©el n’est pas seulement d’adopter l’IA, mais d’apprendre Ă  l’utiliser judicieusement. Et vous, quelle politique avez-vous mise en place dans votre entreprise pour encadrer l’usage de l’IA ?

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