Guerre des puces : pourquoi DeepSeek souffre du choix des Ascend Huawei

Guerre des puces : pourquoi DeepSeek souffre du choix des Ascend Huawei

Guerre des puces : pourquoi DeepSeek souffre du choix des Ascend Huawei

La guerre des puces oppose les États-Unis à la Chine. Mais comment se manifeste cette bataille dans les bureaux d’une entreprise comme DeepSeek, un espoir français de l’IA chinoise ? Cette question a pris un sens concret ces derniers mois, lorsque DeepSeek a essayé d’entraîner son nouveau modèle d’IA, baptisé R2, uniquement sur les puces Ascend de Huawei.

Une mission difficile ? Pour le meilleur et pour le pire, découvrons ce que cela implique.

La pression chinoise : un choix obligatoire pour la technologie nationale

Des décisions politiques pesantes

En Chine, l’indépendance technologique représente plus qu’un simple slogan. Les autorités soutiennent, voire imposent, à leurs champions technologiques l’usage de solutions entièrement nationales. DeepSeek a été directement concerné : sous pression gouvernementale, il est impossible de continuer à utiliser uniquement l’architecture Nvidia, aussi performante soit-elle.

L’alternative consiste en les puces Ascend de Huawei, mises en lumière après les sanctions américaines renforcées, mais souvent critiquées pour leur retard technique. Le message politique reste manifeste : pour que la Chine rivalise avec les géants mondiaux, il faut soutenir la production locale, quitte à faire face à des difficultés initiales.

Innovation ou frein ? Le dilemme du “tout local”

On comprend la stratégie : bâtir une souveraineté numérique nécessite le soutien des autorités. Cependant, ce nationalisme technologique engendre des coûts. En obligeant certains acteurs à délaisser l’état de l’art mondial, cela impacte-t-il l’innovation ?

Le cas DeepSeek illustre bien cette situation. Alors que la Chine se concentre sur ses acteurs locaux, les équipes techniques rencontrent des complications notables.

Huawei face à Nvidia : état réel de la compétition

Des chiffres qui témoignent

Il s’agit d’entrer dans le détail technique. Les puces Ascend de Huawei fonctionnent convenablement pour des tâches simples d’inférence, c’est-à-dire l’exécution d’un modèle déjà entraîné, comme pour la traduction ou la reconnaissance d’images.

Mais à l’étape de l’entraînement de grands modèles (comme GPT ou le R2 de DeepSeek), le fossé devient évident : Nvidia domine avec ses GPU, notamment la série H100, conçus pour traiter d’importants volumes de données tout en optimisant les temps de calcul.

Huawei tente un rattrapage difficile

L’expérience de DeepSeek a rapidement tourné au cauchemar. Même avec une équipe d’ingénieurs Huawei déployée sur place, les performances n’ont pas atteint un niveau satisfaisant pour entraîner R2 dans des délais raisonnables.

Ce constat ne vient pas seulement de nous : Ren Zhengfei, fondateur de Huawei, admet que la technologie des puces chinoises accuse un retard d’une génération. Ce constat, même s’il démontre une honnêteté, soulève des interrogations quant à l’avenir.

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DeepSeek dans une impasse : impacts et mécontentements

Délais et insatisfactions internes

Contraint de revenir à Nvidia après plusieurs mois d’efforts avec Huawei, l’équipe de DeepSeek accuse un retard face à ses concurrents. Pour une scale-up spécialisée en IA, perdre du temps a un coût élevé, tant la compétition s’intensifie.

Liang Wenfeng, fondateur de l’entreprise, s’est montré, selon plusieurs sources, frustré. Il souhaite relancer rapidement le projet afin de rester compétitif dans la course à l’IA générative, un secteur où chaque mois compte.

Effet boomerang : quand la politique impacte l’économie

Les autorités limitent l’achat des puces Nvidia sans justification claire, pensant soutenir l’écosystème chinois. Cependant, sur le terrain, les développeurs peinent, et le Made in China ne propose pas encore d’alternative technique équivalente.

Les ambitions nationales sont présentes, mais la technologie doit rattraper son retard. Voici un tableau récapitulatif :

Critère Huawei Ascend Nvidia H100
Entraînement IA ❌ Performances limitées, instable ✅ Référence mondiale
Disponibilité ✅ Facile à obtenir en Chine ❌ Commandes limitées, sanctions américaines
Support logiciel ❌ Écosystème restreint ✅ Maturité, outils avancés
Évolution technologique Rattrapage en cours Leader, distance d’une génération

Analyse globale : enjeux techniques et influence géopolitique

Points forts, limites et obstacles

En résumé, privilégier le matériel national a une logique à long terme pour l’autonomie. À court terme, cela freine le développement. Le défi consiste à combler ce “retard structurel” sans compromettre l’efficience ni la compétitivité de la filière.

  • Atouts :
    • SouverainetĂ© numĂ©rique renforcĂ©e
    • Encouragement Ă  l’innovation locale
    • DĂ©veloppement technologique en Chine
  • Limites :
    • Frein temporaire Ă  l’innovation
    • Pressions sur les Ă©quipes techniques
    • DifficultĂ© Ă  concurrencer Ă  l’échelle mondiale

Un défi mondial face au temps qui presse

Nvidia conserve une avance significative. Toutefois, Huawei, stimulé par l’urgence, engage des efforts considérables : investissements, recrutement, transferts de compétences.

La question demeure : cet objectif arrivera-t-il avant que l’IA ne progresse Ă  un rythme accĂ©lĂ©rĂ© Ă  l’international ?

En définitive, la géopolitique influence profondément la technologie à venir. Mais c’est sur le terrain que s’évaluera la réussite ou l’échec de cette stratégie chinoise.

Pour l’instant, DeepSeek et d’autres acteurs majeurs chinois font face à un dilemme complexe : choisir entre l’efficacité et l’indépendance technologique. Cette question reste ouverte et la réponse pourrait définir l’acteur principal de l’IA mondiale dans la prochaine décennie. Faut-il avantager la rapidité d’innovation ou la souveraineté nationale, même au prix d’un certain retard temporaire ?

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