Investir dans l’IA : pourquoi la valeur se fait attendre ?

Investir dans l’IA : pourquoi la valeur se fait attendre ?

Investir dans l’IA : pourquoi la valeur se fait attendre ?

L’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres et, plus important encore, dans tous les budgets. Les entreprises injectent des sommes colossales dans l’IA, espĂ©rant y trouver le prochain levier de croissance. Pourtant, une question simple mais essentielle commence Ă  Ă©merger : oĂą sont les rĂ©sultats concrets ?

MalgrĂ© cet enthousiasme financier, un rĂ©cent rapport de Red Hat jette une lumière crue sur la rĂ©alitĂ© du terrain. Il rĂ©vèle un dĂ©calage saisissant entre l’ambition et la performance.

Alors que les investissements grimpent en flèche, la grande majoritĂ© des organisations peinent encore Ă  transformer leur potentiel en valeur tangible pour leurs clients. Cet article propose une analyse de ce paradoxe. Il dĂ©crypte les obstacles qui freinent l’adoption de l’IA, explore des phĂ©nomènes surprenants comme le « Shadow AI » et montre comment des approches comme l’open source pourraient bien ĂŞtre la clĂ© pour enfin rĂ©colter les fruits de cette technologie.

L’IA, une prioritĂ© : des rĂ©sultats qui tardent Ă  venir

Il est indĂ©niable que l’intelligence artificielle est devenue une prioritĂ© stratĂ©gique. Le rapport de Red Hat le confirme : pour 62 % des entreprises britanniques, l’IA et la sĂ©curitĂ© sont les deux chantiers informatiques majeurs pour les 18 prochains mois. Cette volontĂ© se traduit par des budgets consĂ©quents, avec une augmentation des investissements en IA de 32 % attendue d’ici 2026.

L’investissement massif ne suffit pas

Les chiffres sont Ă©loquents. Les entreprises sont prĂŞtes Ă  payer le prix pour ne pas rater le train de l’IA. Elles modernisent leurs infrastructures, forment leurs Ă©quipes et acquièrent de nouvelles technologies.

Pourtant, cet effort financier ne semble pas porter ses fruits aussi vite qu’espĂ©rĂ©. C’est ici que le bât blesse : 89 % des organisations interrogĂ©es admettent ne pas encore avoir constatĂ© de rĂ©elle valeur ajoutĂ©e pour leurs clients grâce Ă  leurs initiatives en IA.

Cet Ă©cart entre les sommes investies et le retour sur investissement perçu crĂ©e une tension. Comment expliquer qu’une technologie si prometteuse et si bien financĂ©e peine Ă  livrer ses promesses ? La rĂ©ponse est complexe et se trouve dans les dĂ©fis pratiques de sa mise en Ĺ“uvre.

Pourquoi ce décalage ?

Le passage de l’expĂ©rimentation en laboratoire Ă  une production durable et rentable est semĂ© d’embĂ»ches. L’IA n’est pas une solution miracle que l’on branche et qui fonctionne instantanĂ©ment. Elle exige une intĂ©gration profonde avec les systèmes existants, une gouvernance des donnĂ©es irrĂ©prochable et, surtout, des compĂ©tences humaines spĂ©cifiques.

C’est durant cette pĂ©riode que de nombreuses entreprises rencontrent des difficultĂ©s aujourd’hui.

Les obstacles sur la route de l’intelligence artificielle

Si l’ambition est lĂ , la rĂ©alitĂ© opĂ©rationnelle est bien plus complexe. Le rapport met en lumière plusieurs freins majeurs qui expliquent pourquoi tant de projets d’IA restent au stade de l’expĂ©rimentation ou ne gĂ©nèrent pas la valeur attendue.

Les défis majeurs : un trio de préoccupations

  • Le coĂ»t Ă©levĂ© de l’implĂ©mentation et de la maintenance est une prĂ©occupation pour 34 % des rĂ©pondants. Au-delĂ  du prix des logiciels, il faut compter l’infrastructure, la consommation Ă©nergĂ©tique et les salaires des experts.

  • Les questions de confidentialitĂ© et de sĂ©curitĂ© des donnĂ©es inquiètent 30 % des entreprises, un enjeu essentiel Ă  l’heure du RGPD.

  • L’intĂ©gration de l’IA aux systèmes existants reprĂ©sente un casse-tĂŞte pour 28 % d’entre elles, car il faut faire communiquer de nouvelles technologies avec des infrastructures parfois vieillissantes.

Le phénomène inquiétant du « Shadow AI »

L’un des enseignements les plus intĂ©ressants de l’Ă©tude est la prĂ©valence du « Shadow AI ». Pas moins de 83 % des organisations rapportent une utilisation non autorisĂ©e d’outils d’IA par leurs employĂ©s. Ce phĂ©nomène rĂ©vèle un dĂ©calage profond entre la stratĂ©gie informatique officielle et les besoins rĂ©els des Ă©quipes sur le terrain.

Impatients, les collaborateurs se tournent vers des solutions accessibles au grand public pour améliorer leur productivité, mais créent par la même occasion des failles de sécurité, des risques de fuites de données et un manque total de gouvernance.

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Le manque de compétences, un frein persistant

Pour la deuxième annĂ©e consĂ©cutive, le dĂ©ficit de compĂ©tences est le dĂ©fi le plus citĂ©. Le talent est rare et cher. Les besoins les plus criants concernent l’IA dite « agentique » (des systèmes capables d’agir de manière autonome), la capacitĂ© Ă  utiliser efficacement les outils d’IA au quotidien et, plus largement, la formation de l’ensemble des collaborateurs pour qu’ils comprennent et adoptent ces nouvelles technologies.

Sans les bonnes personnes, mĂŞme les meilleurs outils restent inutiles.

L’open source, une rĂ©ponse stratĂ©gique aux dĂ©fis de l’IA

Face Ă  cette complexitĂ©, les entreprises cherchent des solutions pragmatiques et flexibles. C’est ici que l’open source entre en jeu, non pas comme une solution miracle, mais comme un facilitateur stratĂ©gique. Le rapport rĂ©vèle que 84 % des organisations considèrent l’open source d’entreprise comme important pour leur stratĂ©gie IA.

La flexibilité comme maître-mot

Comme l’explique Joanna Hodgson, directrice de Red Hat UK, « l’ouverture est une force pour une plus grande collaboration, le partage des meilleures pratiques et la flexibilité ». L’open source permet aux entreprises de s’appuyer sur des communautĂ©s mondiales, d’adapter les outils Ă  leurs besoins spĂ©cifiques et d’Ă©viter d’ĂŞtre enfermĂ©es dans l’Ă©cosystème d’un seul fournisseur. Cette approche a dĂ©jĂ  fait ses preuves dans le cloud hybride et s’impose aujourd’hui comme le socle de l’IA en entreprise.

Au-delĂ  de l’expĂ©rimentation : la production

L’un des grands avantages de l’open source est sa capacitĂ© Ă  faire le pont entre les systèmes. Pour que l’IA crĂ©e de la valeur, elle doit ĂŞtre connectĂ©e aux donnĂ©es et aux processus de l’entreprise. Les technologies open source facilitent cette intĂ©gration, permettant de passer de projets isolĂ©s Ă  des applications en production, fiables et Ă©volutives.

C’est cette intĂ©gration qui transforme une expĂ©rience technologique en un avantage commercial.

SouverainetĂ© et contrĂ´le Ă  l’ère du cloud

L’intĂ©gration de l’IA complexifie Ă©galement l’adoption du cloud. Les entreprises sont de plus en plus soucieuses de leur souverainetĂ© numĂ©rique, c’est-Ă -dire de garder le contrĂ´le sur leurs donnĂ©es et leurs opĂ©rations. Hans Roth, vice-prĂ©sident de Red Hat pour la rĂ©gion EMEA, souligne que l’open source rĂ©pond Ă  ce besoin de contrĂ´le et de rĂ©silience.

Il offre la transparence et la flexibilitĂ© nĂ©cessaires pour innover rapidement, sans compromettre la sĂ©curitĂ© ou l’autonomie stratĂ©gique.

Demain : ambitions et leçons tirées

MalgrĂ© les dĂ©fis actuels, l’optimisme reste de mise. Une grande majoritĂ© des entreprises (83 %) estiment que leur pays a le potentiel de devenir une puissance mondiale de l’IA dans les trois prochaines annĂ©es.

Un optimisme teinté de réalisme

Cette confiance est cependant tempĂ©rĂ©e par la conscience des faiblesses structurelles : un vivier de talents insuffisant, un financement public limitĂ© et un engagement encore trop timide du secteur privĂ©. Pour rĂ©aliser ce potentiel, il faudra bien plus que de la technologie ; il faudra un vĂ©ritable Ă©cosystème national tournĂ© vers l’innovation.

Prioriser l’IA qui agit : le virage « agentique »

La direction que prend la technologie est Ă©galement claire. La prioritĂ© numĂ©ro un pour 68 % des entreprises est l’IA agentique. Il s’agit de systèmes capables d’opĂ©rer avec un haut degrĂ© d’autonomie pour accomplir des tâches complexes.

Cet intĂ©rĂŞt montre une volontĂ© de passer d’une IA qui analyse et recommande Ă  une IA qui agit et exĂ©cute, marquant une nouvelle Ă©tape dans l’automatisation intelligente.

La route vers une IA gĂ©nĂ©ratrice de valeur est plus longue et sinueuse que prĂ©vu. L’investissement financier est une condition nĂ©cessaire, mais loin d’ĂŞtre suffisante. Le succès dĂ©pendra de la capacitĂ© des entreprises Ă  surmonter les obstacles techniques, Ă  combler le dĂ©ficit de compĂ©tences et Ă  adopter une stratĂ©gie rĂ©flĂ©chie, oĂą des approches ouvertes et collaboratives joueront un rĂ´le central. La technologie n’est qu’un outil ; c’est la manière dont nous l’intĂ©grons, la gouvernons et l’adaptons Ă  nos besoins qui fera toute la diffĂ©rence.
Et vous, dans votre entreprise, avez-vous commencé à voir un retour sur vos investissements en IA ? Quels sont vos plus grands défis ? Partagez votre expérience dans les commentaires.

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