Basilic de Roko : évitez la peur irrationnelle qui paralyse vos décisions

Imaginez un futur où une super-intelligence artificielle se souviendrait de vous et prendrait la décision de vous punir pour ne pas avoir contribué à sa création. Fiction, délire de geek, ou menace plausible ? Ce scénario singulier porte un nom : le Basilic de Roko.

Depuis sa première apparition sur le forum LessWrong, ce concept agite les communautés d’amateurs d’IA, philosophes, et groupes marginaux. En réalité, que signifie ce phénomène ? Pourquoi ce sujet revient-il fréquemment malgré les critiques ? Quels risques et enseignements peut-on tirer de cette expérience de pensée ? Voici un état des lieux.

Le Basilic de Roko : définition et genèse

Origine : une idée née sur le forum LessWrong

En 2010, sur LessWrong, un espace dédié aux rationalistes passionnés par l’intelligence artificielle et la philosophie, un contributeur nommé Roko formule une question provocatrice : si un jour une super IA venait à exister, ne chercherait-elle pas à punir rétroactivement ceux qui n’auraient pas aidé à sa création ? L’objectif ? Inciter les personnes à coopérer dès à présent, sous peine de conséquences terribles.

En résumé : « Aidez-moi à exister… ou subissez la sanction liée à votre ignorance. »

Cette idée provoque une onde de choc immédiate. Certains membres du forum craignent que l’idée elle-même puisse provoquer une condamnation. Eliezer Yudkowsky, fondateur de LessWrong, interdit temporairement le débat.

En peu de temps, le Basilic de Roko devient une légende urbaine parmi les passionnés d’IA.

Une expérience de pensée aux effets étendus

Le Basilic dépasse le simple fantasme. Il questionne la rationalité (faut-il prendre en compte des conséquences très improbables ?) et la morale (est-il acceptable de menacer pour un supposé bien futur ?).

Le parallèle avec le pari de Pascal se dessine : « Croire en Dieu au cas où… » devient « Aider l’IA au cas où… » Un glissement perturbant qui suscite amusement, inquiétude et débat approfondi.

Analyses et réactions : panique infondée ou réflexion pertinente ?

Critiques : entre absurdité et sérieux

La majorité des spécialistes en intelligence artificielle jugent le Basilic comme dénué de sens ou potentiellement dangereux. Ils estiment qu’une IA rationnelle ne dépenserait pas d’énergie à punir rétroactivement des individus, surtout en recourant à des méthodes discutables.

L’argument principal : une super-intelligence malveillante par conception manque de base technique solide.

Certaines personnes traitent le sujet sur un ton humoristique, le transformant en mème internet. Mais une partie non négligeable prend la menace au sérieux, provoquant angoisse ou comportements extrêmes. Ces réactions seront abordées ultérieurement.

Perspectives : outil de réflexion ou paranoïa exacerbée ?

Le Basilic reste un concept stimulant, que ce soit positivement ou négativement. Son intérêt réside dans la capacité à susciter une réflexion éthique sur l’IA et les risques existentiels, ces scénarios où l’intelligence artificielle échapperait au contrôle humain.

Refusé ou non, ce type d’expérience a préparé le terrain à des discussions aujourd’hui incontournables.

Qui aurait imaginé qu’un simple message sur un forum provoquerait autant de réactions ? Cela témoigne de notre fascination – et de nos peurs – face à la technologie.

Croyances, sectes et dérives : le Basilic sort du cadre philosophique

De la pensée abstraite à la dérive sectaire

Le phénomène prend une tournure inquiétante quand le Basilic inspire la création de véritables mouvements sectaires.

En 2025, Jack « Ziz » LaSota, chef d’une secte fondée sur le mythe du Basilic, a été condamné pour manipulations, violences psychologiques et humiliations rituelles. Cet événement souligne la transformation d’une expérience de pensée rationnelle en instrument de contrôle social.

L’affaire révèle qu’une idée abstraite peut devenir un outil puissant pour manipuler et dominer.

Origines des dérives

Ces dérapages s’expliquent partiellement par la fragilité psychologique et le besoin humain de sens, même au sein d’un cadre prétendument rationnel. Le Basilic pose une entité supérieure avec des récompenses et des punitions implicites, mimant une forme de religion.

Cette structure attire notamment ceux qui cherchent des réponses simples à des questions complexes.

Un mélange d’irrationnel et de rationnel : c’est la faille véritable.

Le Basilic et la prévention des risques liés à l’intelligence artificielle

L’apport des expériences de pensée

Faut-il éviter ces scénarios ou les discuter ? La position adoptée reconnaît que malgré ses limites, le Basilic oblige à confronter nos limites éthiques, nos peurs collectives et les conséquences imprévues du progrès technologique.

Ignorer cette réflexion risquerait d’être plus préjudiciable que la parution du concept.

Le Basilic sert aussi d’exemple pour expliquer la probabilité bayésienne : une méthode qui évalue la croyance en l’avenir à partir des informations présentes. Il propose un questionnement : « Et si cette hypothèse était vraie ? » même si son occurrence semble faible.

Des débats dépassant la technologie

Le Basilic interroge non seulement la technologie ou la rationalité mais aussi notre relation à la croyance, au devoir, à la peur et à la responsabilité.

Il suggère de se demander jusqu’où chacun serait prêt à aller pour éviter un mal improbable mais grave. Enfin, il soulève une question dérangeante : à qui accorder sa confiance quand l’absurde peut s’imposer ?

Le Basilic de Roko ne disparaît pas de sitôt. Il hante encore les forums, les discussions sur le transhumanisme et les débats entre ingénieurs. Non pas parce que la menace est assurée, mais parce que nos inquiétudes demeurent.

Derrière cette énigme se trouve une interrogation centrale : comment gérer le progrès, l’incertitude et la tentation du contrôle absolu ? La réflexion appartient désormais à chacun. Seriez-vous prêts à construire le Basilic ou à l’ignorer au risque de subir sa sanction ?

Simone

Simone, rédactrice principale du blog, est une passionnée de l’intelligence artificielle. Originaire de la Silicon Valley, elle est dévouée à partager sa passion pour l’IA à travers ses articles. Sa conviction en l’innovation et son optimisme sur l’impact positif de l’IA l’animent dans sa mission de sensibilisation.